Changement de religion

Périgord

De Libourne à Bergerac, la « Vallée » et ses alentours sont particulièrement touchés par la Réforme.

Castillon, célèbre par sa bataille, embrasse la Réforme dès 1562. En 1586 le duc de Mayenne assiège la ville, fait pendre 22 habitants et détruire la mairie de la ville.

Au XVIIe siècle, le grand Maréchal de Turenne lègue 20 000 livres aux pauvres qui se convertiraient au catholicisme. Les protestants utilisent l’argent pour construire un hôpital (actuelle mairie).

Le château de Graveron appartient au XVIe siècle au protestant Jean le Berthon, époux de Philippe de Luns. Réfugiés à Paris ils moururent tous deux en 1557, elle fut brûlée vive place Maubert.

Sainte-Foy-la-Grande est convertie dès 1541 par Ayman de la Voye qui sera condamné au bûcher par le parlement de Bordeaux. Vers 1559 le pasteur Sellac correspond avec Calvin et prêche à Montségur, Gensac, Pellegrue. En 1578 un synode national se tient à Sainte-Foy, un « temple au seigneur » est édifié en 1584. Appelée la « Petite Genève », Henri de Navarre y fit plusieurs séjours en 1576 et 1588. Du temple du XVIe siècle subsiste la cloche dans l’église.

Au château du Fauga entre le Fleix et Port-Sainte-Foix, propriété de la famille de Bethman, se tint le 22 février 1745 la première grande assemblée du Désert rassemblant 6 000 huguenots venus de Bergerac à Libourne.

Après la Saint-Barthélémy, Bergerac devient la capitale intellectuelle du monde protestant. Richelieu fait raser les remparts en 1629.

Bergerac

Bergerac compte au XVIIe siècle, 6 000 protestants, dont de nombreux marchands et négociants.

Bien avant la Révocation, les persécutions frappent la région. Le temple de Bergerac est détruit dès 1682, mais on se rassemble sur ses ruines pour prier et chanter. En 1685, 17 compagnies de dragons obtiennent par leurs sévices une abjuration collective, mais la résistance demeure opiniâtre. De nombreux réformés émigrent vers l’Angleterre et la Hollande.

Au XVIIIe siècle la région paye un lourd tribut lors de la période du Désert : plus de 500 prisonniers et 60 galériens dont Jean Marteilhe.

La Force adhère à la Réforme dès 1560. Le Temple actuel a été bâti sous Henri IV en 1604 par le duc de Caumont-la-Force ; il dépendait du château et ne fut pas détruit, le duc ayant déclaré l’avoir transformé en chapelle. Le château fut rasé par Lakanal sous la Révolution. La Force demeure célèbre aujourd’hui comme étant l’œuvre de John Bost.

Au sud de la Dordogne, le château de Duras, appartenant aux Durfort, protestants jusqu’en 1665, accueillit Jeanne d’Albret commandant l’armée protestante contre l’armée royale de Louis XIII.

À Lacapelle-Biron naquit Bernard Palissy qui mourut embastillé en 1590 pour avoir refusé de se convertir au catholicisme.

Les pasteurs du Désert, Viala et Loire, prêchent dans la vallée de la Dordogne entre 1740 et 1744.

Puis la situation se normalise.

Les pratiques réformées sont si fortement ancrées que même sous la Révolution, les cultes se maintiennent sans interruption à Sainte-Foy et Bergerac.

En 1803 subsistaient 2 000 réformés autour de Sainte-Foy et 5 000 autour de Bergerac.

Sources : Musée virtuel du protestantisme français